23/ Folklore

Définitions

Le folklore est une somme de traditions populaires propres à un “peuple” et dont la transmission se fait le plus souvent oralement, de génération en génération.

Généralement, on établit une distinction entre:

  • Le “folklore objet“, conservé dans les musées. Parmi ces musées, on peut citer ceux d’Anvers {Museum Aan de Stroom (MAS) qui comprend notamment le “Volkskundemuseum” (Musée du Folklore)}, de Tournai {Musée du Folklore – la Maison tournaisienne} et de Liège {Musée de la Vie Wallone à Liège}.
  • Le “folklore vivant”, qui entretient et perpétue les anciennes coutumes. Les manifestations de ce folklore sont généralement spectaculaires.

Par ailleurs, on peut également diviser ce “folklore vivant” en 2 autres registres:

  • le “folklore religieux”: les pèlerinages, processions…
  • le “folklore profane”: les fêtes et spectacles où s’expriment la sensibilité et la joie populaire comme les carnavals, les cortèges de géants, les marionnettes… Tout en sachant que certaines fêtes qui apparaissent comme profanes de nos jours ont eu une origine religieuse (ce n’est donc qu’au fil du temps qu’elles sont devenues profanes).

De façon générale, la Belgique compte de nombreuses manifestations folkloriques. Celles qui sont présentées ci-dessous n’en constituent qu’une petite partie.

Les processions

Introduction {Sauf mention contraire, l’essentiel du contenu de cette fiche est extrait de: Dumoulin (M), La Belgique folklorique, éd. Readers Digest, Bruxelles, 1991 et de Heyblom (J), Folklore, éd. Les Amis de l’IPIAT}

Remontant à la nuit des temps, les processions et autres cortèges religieux ont revêtu en Occident, une grande importance dès le Moyen-Age. Il s’agit, en quelque sorte, de l’expression d’une foi religieuse populaire. Le but des participants est de manifester leur dévotion et de rendre hommage avec un certain faste.

En Belgique, pays de tradition catholique, elles sont organisées le plus souvent à l’occasion d’une grande fête (Ascension, Pentecôte, Assomption) ou à l’occasion de l’anniversaire du saint local (le culte des saints figurant au calendrier est demeuré très vivace et donne lieu à nombre de processions). Dans ce dernier cas surtout, la fête religieuse peut correspondre avec des réjouissances populaires telles que ducasses {Fête qui a lieu chaque année en l’honneur d’un saint protecteur}, kermesses {Fête en plein air comportant des jeux et des stands de vente, et organisée le plus souvent au bénéfice de quelque chose}, foires et marchés.

Différents groupes se succèdent donc dans ces processions dont notamment le clergé, la foule des fidèles, et des groupements tout à fait laïques (à caractère non religieux).

Origines

La procession (et dans certains cas “l’Ommegang“, voir infra) a d’abord été un événement fort modeste. Il s’agissait de faire faire le tour de l’église, et éventuellement de la paroisse, aux reliques {Restes du corps d’un saint ou d’un martyr et qui est l’objet d’une grande vénération} du saint patron. Les hommes au Moyen-Age étant généralement incapables de lire, la procession devint, au fil du temps, une sorte d’instrument didactique mobile et vivant. En plus des personnages qui évoquaient, par exemple, les apôtres, les prophètes et les anges, on vit apparaître des chariots sur lesquels étaient juchés des tableaux vivants illustrant les grands épisodes de l’histoire religieuse, quand il ne s’agissait pas tout simplement de grandes peintures ou sculptures évoquant les mêmes épisodes.

Avec le temps, les participants devenant de plus en plus nombreux, il a fallu recourir (dès le 15e siècle) à des maîtres de cérémonie, chargés de l’ordonnancement de la manifestation.

Les processions ayant un caractère historique marqué

Certaines de ces processions ont un caractère historique marqué. Elles s’inspirent directement d’événements historico-religieux qu’elles relatent généralement avec beaucoup de faste. De nombreux groupes en costume d’époque y participent. Il s’agit de véritables reconstitutions historiques, d’une succession de tableaux vivants, chacun apportant au spectateur un élément neuf de l’histoire ou de l’événement évoqué.

Les scènes qui sont difficilement mimées en marchant sont illustrées par des statues, des tableaux etc portés par les participants. Y sont principalement retracés les faits d’une personnalité locale qui aurait accompli certains actes héroïques en rapport avec le culte religieux, ou la vie de saints ayant vécu dans la région.

Ces processions, qui sont généralement les plus spectaculaires des processions se déroulant en Belgique, retracent aussi, dans de nombreux cas, la vie locale aux époques particulièrement fastes que la ville en question a connues, notamment sur le plan économique et social. On peut donc y voir divers groupements qui représentent parfois les riches corporations ou les nobles confréries qu’ont connues certaines villes au Moyen-Age. C’est le cas, par exemple, de la procession du Saint-Sang à Bruges (voir infra).

Les processions pénitentielles

Parmi les processions, on en trouve des particulièrement impressionnantes: les processions pénitentielles. Elles se caractérisent par leur aspect austère, leur esprit de piété et de recueillement mais surtout par les personnages très particuliers qui y participent: les pénitents.

Ceux-ci ont, pour la circonstance, revêtu une longue robe avec cagoule dissimulant leur visage et, souvent, marchent pieds nus. Ils portent des heures durant une lourde croix en bois au rythme de quelques roulements de tambours et crécelles. Le but du châtiment qu’ils s’infligent ainsi volontairement est d’obtenir la rémission de leurs péchés pour les fautes qu’ils ont commises. Ce sont donc des processions expiatoires qui évoquent la “Passion du Christ” et illustrent le “chemin de croix”.

Elles se déroulent (en principe) le Vendredi saint (jour de la crucifixion de Jésus), illustrant le climat endeuillé dont s’entourent les chrétiens durant la semaine sainte, en souvenir du calvaire du Christ. C’est notamment le cas pour la Procession des pénitents noirs de Lessines (voir infra).

Toutefois, certaines de ces processions pénitentielles se déroulent à d’autres dates (pour des raisons qui ne sont pas toujours connues). C’est le cas de la procession des pénitents de Furnes (voir infra).

Les origines de ces processions pénitentielles sont assez confuses. Toutefois, la plupart des spécialistes sont généralement d’accord pour affirmer qu’il s’agirait peut-être d’une coutume espagnole importée {Les soldats des garnisons espagnoles établies dans les Pays-Bas espagnols auraient eu l’habitude de célébrer la Semaine Sainte en organisant des cortèges de pénitents, pendant lesquels ils se flagellaient} lorsque les Pays-Bas se trouvaient sous domination espagnole {Voir “Histoire avant l’indépendance“, partie consacrée au 16e et 17e siècle}.

La Procession des Pénitents noirs de Lessines (le Vendredi Saint)

processions-penitents-noirs-lessines

Origine

Expression typique de la foi au Moyen Age, cette procession trouve vraisemblablement son origine dans les “mystères” religieux de cette époque: Le peuple peu instruit avait accès au thème de l’évangile du jour au moyen d’un petit spectacle théâtral mettant en scène le récit du jour. C’est ainsi qu’est née la “mise au tombeau du Christ” le Vendredi saint à Lessines.

Présentée au départ sur le Parvis de la collégiale Saint-Pierre, la tradition s’est ensuite exprimée à l’intérieur de l’église. Après le récit de la Passion, les participants rejoignaient alors la chapelle de la mise au tombeau pour vivre cette dernière étape de la liturgie de la Passion

La première mention de cette procession remonte au moins à 1475, mais ce n’est que vers 1670 que la procession sortira pour la première fois en ville, d’abord en fin d’après-midi et ensuite à la tombée de la nuit accentuant encore l’aspect austère de cette célébration et contribuant à la rendre particulièrement impressionnante, même si, ici, les pénitents ne portent pas de lourdes croix mais escortent le Christ gisant avant sa mise au tombeau.

Son déroulement

Tout débute par l’office solennel tiré de la liturgie du Vendredi saint. Au pied de l’autel, le Christ gisant prend place au même endroit que le cercueil lors de toutes funérailles.

A l’issue de l’office, les pénitents pénètrent dans la collégiale afin d’emmener le Christ. Le vieil édifice est plongé dans le noir tandis qu’au dehors, les spectateurs se massent le long du parcours historique de cette procession. L’éclairage public, les enseignes, les étalages, tout s’éteint peu à peu au passage du convoi funèbre. En tête prend place la croix où sont attachés tous les symboles du supplice: la lance, l’échelle, l’éponge de vinaigre, le fouet, la couronne d’épines, les clous,… Ensuite, des pénitents frappent leur tambour voilé de crêpe dont le roulement sourd alterne avec le crépitement des crécelles.

Ici, tout est signe: la bure est l’habit de pénitence, la cagoule en permet l’anonymat, la crécelle rappelle celui qui a été mis à l’écart du peuple (comme l’étaient les lépreux et les pestiférés), le tambour est celui du condamné.

Deux longues rangées de pénitents portent des torches de cire éclairant le convoi funéraire qui s’avance lentement dans les rues de la vieille cité. Ils précèdent le Christ porté à bras d’hommes au milieu des flambeaux et de l’encens, marque de respect pour tous les morts. Les “deuillantes” vêtues de noir portent et escortent ensuite la statue de Notre-Dame des Sept Douleurs toute voilée de la mantille noire du deuil. Chants et prières sont alternés par le clergé et la foule nombreuse qui suit et prie.

De retour dans la collégiale, c’est là qu’aura lieu alors le rite plus de cinq fois séculaire de la mise au tombeau du Christ. Après la lecture de l’évangile qui en fait le récit, accompagné d’un dernier chant, le Christ est glissé sous l’autel jusqu’à l’an prochain. Mais dehors, les lueurs de Pâques s’annoncent déjà. Vitrines et enseignes se sont rallumées. La fête est proche. L’hiver agonise et la nature renaît. La vie va vaincre la mort. Qu’éclate la lumière sur un nouveau printemps.

La Procession du Saint-Sang à Bruges (le jeudi de l’Ascension)

processions-saint-sang-bruges

D’après le tradition, Thierry d’Alsace, comte de Flandre, aurait rapporté la relique du Saint-Sang (quelques gouttes du sang du Christ) de Terre sainte à l’issue de la deuxième croisade (1150). Thierry aurait reçu cette relique des mains de son beau-frère Baudouin III d’Anjou, roi de Jérusalem. Arrivé à Bruges, le 7 avril 1150, le comte Thierry aurait déposé la relique à la chapelle Saint-Basile érigée par lui sur le “Burg“.

Rappel historique

D’un point de vue historique, par contre, le plus ancien document concernant la relique du Saint-Sang à Bruges remonte à 1256. Il est donc plus que probable que la relique n’ait, en réalité, abouti à Bruges qu’après 1150. A l’époque, une relique du Saint-Sang (faisant partie de toute une série de reliques de la Passion) était conservée au palais impérial Bucoleon à Constantinople. En 1203, Constantinople fut conquise par les croisés et pillée pendant cette quatrième croisade (1204). Baudouin IX, comte de Flandre, qui fut intronisé en tant que nouvel empereur, expédia sans doute les reliques saisies vers sa patrie et notamment à Bruges où ses filles Jeanne et Marguerite dirigeaient le comté. La relique du Saint-Sang échut probablement à Bruges par cette voie. La taille caractéristique du flacon en cristal de roche correspond aux récipients analogues connus provenant de Constantinople.

Son déroulement

La relique du Saint-Sang est proposée chaque vendredi, avant et après l’Eucharistie, à la vénération des fidèles. Cette pratique séculaire culmine le jeudi de la fête de l’Ascension: Évêques et prélats portent le grand reliquaire dans les rues de la ville au cours d’une procession solennelle et haute en couleurs de plus de 1800 figurants.

Avant 1291, il existait sans doute une présentation du Saint-Sang à la chapelle du Burg. La véritable procession semble issue de cette coutume. A partir de 1303, il fut question d’un Cortège du Saint-Sang autour des remparts. La relique étant propriété de la ville, la procession était un événement civil officiel où défilaient en grande pompe les cavaliers, les corporations {Associations d’artisans groupés en vue de réglementer leur profession et de défendre leurs intérêts}, les gildes {Associations de marchands s’étant dotés de règles et de privilèges spécifiques}, les archers, la magistrature de la ville et évidemment le clergé portant la relique. Dès 1310 la municipalité de Bruges résolut de combiner les festivités du Saint-Sang, la procession et la foire annuelle. Au cours du 15e et du 16e siècle, la procession, composée de scènes bibliques, s’enrichit de tableaux profanes avec des géants, etc. Le style actuel de la procession s’inspire des années 1400.

La première partie retrace l’histoire biblique depuis la faute d’Adam jusqu’à l’envoi des Apôtres en mission. Ces différentes (+/- 27) scènes sont mimées, parlées ou chantées. Dans la seconde partie, une dizaine de groupes évoquent le retour triomphal de Thierry d’Alsace à Bruges. Précédé de hérauts {Au Moyen Âge, officier chargé d’annoncer publiquement les nouvelles}, de bannières et de musiciens, Thierry d’Alsace et sa suite font leur entrée dans Bruges pour y remettre la relique (quelques gouttes du sang du Christ) contenue dans une châsse {Coffre où sont conservées les reliques d’un saint} en or et en argent. Derrière la châsse défilent le clergé en ornements liturgiques, les membres de la confrérie du Saint-Sang en toge et les autorités civiles qui ferment le cortège. Au terme de la procession, l’évêque, du haut de l’hôtel de ville, élève la relique du Saint-Sang et en bénit la foule. La relique est ensuite ramenée dans la Chapelle du Saint-Sang.

La procession dite du “Car d’or” et le Combat dit Lumeçon {Combat, défilé, exercice militaire en serpentine ou en limaçon} à Mons (dimanche suivant la Pentecôte)

processions-car-dor-mons processions-car-dor-combat-lumecon-doudou-mons

La ducasse rituelle de Mons est reconnue depuis 2005 comme chef-d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité par l’UNESCO.

Le dimanche de la Trinité a lieu dans les rues de Mons la procession dite du “Car d’or” qui promène les reliques de Ste-Waudru, patronne de la ville, et le célèbre combat du Doudou.

Origine

On fait remonter l’origine de la procession actuelle à 1349, lors d’une peste qui désola l’Europe {nota bene NB; des processions en l’honneur de sainte Waudru avaient déjà été organisées avant. Au 11e siècle, en effet, on trouve mention d’une procession et de la “fierte” (Châsse) de sainte Waudru}. Pour obtenir la cessation du fléau, les autorités religieuses décident d’implorer la miséricorde et l’assistance des saints protecteurs de la Cité. Le 7 octobre 1349, le clergé et la population de Mons partent en procession avec les reliques de Sainte-Waudru qui seront rejointes par celles de St-Vincent, son époux (portées par des habitants de Soignies). On plaça les deux châsses sous un pavillon dressé près d’une croix, et le Doyen du Chapitre de Soignies, célébra la messe en l’honneur de la Sainte Trinité. Huit jours durant les corps saints demeurent associés et exposés à la vénération populaire. Le mal cesse et la reconnaissance des protégés et des survivants s’exprime dans une procession annuelle qui, à l’origine était bien plus longue (en termes de distance parcourue) que celle d’aujourd’hui.

Ses symboles

Le Car d’Or (véhicule en bois peint et doré sur lequel est posé le reliquaire contenant les restes de la Sainte), en tête de la procession, précédait les chanoinesses, l’autorité communale, les nombreuses confréries et corporations de la Ville.

Au début du 15e siècle, la “Confrérie de Dieu et Monseigneur saint Georges” participe à la procession et, au cours de celle-ci, fait représenter le miracle de son saint patron: le combat légendaire de saint Georges contre un dragon évoquant la victoire du Bien sur le Mal, de la Lumière sur les Ténèbres, du christianisme sur le paganisme. Ce combat s’inspire des mystères médiévaux qui avaient pour fonction de représenter la vie et les actions d’un saint. En 1819, le jeu fut déplacé de la procession à la Grand-place où il se déroule encore aujourd’hui. Cette séparation dut se faire sous la pression du clergé qui n’acceptait plus la présence d’un jeu mettant en scène des personnages issus des traditions populaires dans une procession religieuse. Depuis quelques années pourtant, les acteurs du Combat dit Lumeçon participent à nouveau à la Procession du Car d’Or et le Dragon est exposé le samedi de Ducasse, avant la Descente de Châsse, dans la Collégiale Sainte-Waudru.

Son déroulement

La “Descente de la châsse” constitue le véritable début de la Ducasse traditionnelle. La Châsse de Sainte-Waudru, qui trône le reste de l’année en haut du Chœur de la Collégiale Sainte Waudru, est descendue le samedi soir (à 20h) suivant la Pentecôte lors d’une cérémonie aujourd’hui grandiose bien que relativement récente. La cérémonie de la “Descente de la châsse” se déroule en présence notamment du Collège des Bourgmestre et Echevins. Au terme de la cérémonie, la châsse est confiée à la garde du Bourgmestre, comme cela se fait depuis 1426. En effet, si l’autorité religieuse représentée par le Doyen s’exerce à l’intérieur des murs de l’église, dès que le Corps saint se trouve hors de cette enceinte, c’est à l’autorité civile, représentée par le Bourgmestre, que sa protection incombe.

Le lendemain matin, la messe solennelle de la Sainte-Trinité est chantée dans le chœur de la collégiale à 7h45. A l’issue de celle-ci, le Doyen, le clergé et les responsables de la Fabrique d’Eglise et de la Procession se rendent à l’entrée du chœur où ils accueillent le bourgmestre et l’échevin des fêtes. C’est le moment où se concrétise le “contrat” conclu la veille lors de la Descente de la Châsse: les représentants de l’autorité communale sont venus assister à la sortie des reliques de la Sainte dont ils ont accepté d’assurer la sécurité. Après l’encensement de la Châsse contenant le Corps saint de Sainte Waudru, au son des grandes orgues, le “Car d’Or”{Un premier “Kar” est mentionné dans les comptes de 1313-1314. Il sera plusieurs fois restauré ou même reconstruit à neuf. En 1780-1781, deux montois construisent l’actuel Car d’Or}, est amené au centre du transept et la Châsse{L’actuel reliquaire de cuivre doré date de 1887 et remplace la belle châsse de 1313 emportée par les troupes françaises lors de la Révolution et vraisemblablement fondue à Paris en octobre 1794} est posée au centre de celui-ci. Le Doyen s’avance alors vers Saint-Georges et lui remet un sceau en cire du chapitre qu’il portera en sautoir. Saint-Georges, représentant du Bien, est investi du devoir de vaincre le Mal en combattant, tout à l’heure, le dragon. Les grandes orgues entonnent l’air du “Doudou” et les acteurs poussent le Car d’Or portant le Corps de Sainte Waudru à l’extérieur de l’église, dans la rampe Sainte-Waudru. Le Car d’Or est tracté par six chevaux de trait richement parés.

Lors de la procession (qui commence à 9h30), à laquelle participent quelque 1500 personnes réparties en 60 groupes (dont le groupe le plus curieux est peut-être celui des chanoinesses de Ste-Waudrutip), le cortège s’arrête plusieurs fois. A chaque station, un prêtre lit le récit d’un des miracles de la Sainte. Les passants tendent des objets divers afin qu’ils touchent la Châsse.

A la fin du parcours, le public se rassemble massivement derrière le Car d’Or. Dans l’enthousiasme général, des milliers de mains poussent alors l’attelage au sommet du raidillon pavé qui longe la collégiale. L’enjeu est d’importance: selon la légende, le Car d’Or doit gravir d’un seul élan la rampe pour éviter le malheur à la ville. La montée ne dure qu’une vingtaine de secondes. Elle est à ce point intense qu’elle se ponctue dans une vibrante clameur du public qui scande “Et les Montois ne périront pas!”. A l’issue de la procession, le Car d’Or est rentré dans la collégiale. Au cours d’une courte cérémonie, la Châsse est reposée dans le transept à la vénération du public.

C’est après la procession que se déroule (à 12h30) le combat héroïque et symbolique du Doudou {Héritières de l’institution monastique fondée par sainte Waudru au 7e siècle, elles ne sont pas religieuses et ne prononcent donc pas les trois vœux de pauvreté, chasteté et obéissance. Elles assistent aux offices célébrés par les chanoines en la Collégiale et partagent le reste de leur temps entre les “obligations mondaines”, les voyages et les œuvres de charité. La Révolution française met un terme à l’existence du Chapitre en 1793. Les chanoinesses s’en retournent alors dans leur famille et s’éparpillent en Europe}, l’un des points d’orgue de La Ducasse de Mons. Le combat a lieu, pendant une demi-heure, dans une arène de sable au beau milieu de la Grand Place de Mons. Saint Georges, symbolisant le Bien, est chargé de mettre hors d’état de nuire le dragon, symbolisant le Mal, monstre géant d’osier qui mesure une dizaine de mètres. Tout le combat répond à une chorégraphie bien précise.

Pendant toute la durée du combat, les porteurs du dragon font plonger la queue dans le public qui tente alors de s’emparer du crin qui la constitue et les rubans: ils sont censés porter bonheur pendant un an à celui qui le porte. C’est le moment le plus fort et le plus attendu par le public.

Après avoir à plusieurs reprises tenté de tuer la Bête à l’aide d’une lance, d’un sabre et d’une tentative infructueuse de coup de pistolet, Saint Georges finit par terrasser le dragon grâce à un 2e coup de pistolet. La bête s’effondre. 13 heures sonnent au carillon de l’Hôtel de Ville. C’est la fin du Combat.

La Procession des pénitents à Furnes (dernier dimanche de juillet)

processions-penitents-furnes

Origine

Cette procession devrait son origine à une procession qui lui était antérieure: la procession de la Ste-Croix. Celle-ci serait née (tout comme celle du St-Sang de Bruges) d’un fait historico-religieux datant de l’époque des croisades. Selon la tradition, le comte Robert de Flandre, de retour d’une croisade, ramena de Jérusalem diverses reliques dont une croix qui aurait été sculptée dans la croix du Christ. Lors de son voyage de retour, son bateau fut pris dans une terrible tempête, entre la France et l’Angleterre. A cette occasion, il fit le vœux d’offrir cette croix à la première église qu’il rencontrerait, s’il s’en sortait indemne lui et son équipage. Et c’est ainsi qu’il remit la croix à l’Eglise Ste-Walburge de Furnes. Afin de commémorer cet événement, une confrérie {Une confrérie est une association pieuse de laïcs (personnes qui ne font pas partie du clergé)} naquit autour de la Ste-Croix et décida d’organiser une procession. Celle-ci fut très importante au 15e siècle, mais jugée trop spectaculaire au goût des autorités religieuses, elle fut privée de tout faste. En réaction, un religieux de la ville (Jacob Clou), soutenu par la population, décida d’organiser une seconde procession: l’actuelle procession des pénitents. Celle-ci fut organisée pour la première fois en 1644.

Son déroulement

Les pénitents sont vêtus d’une robe de bure (grosse étoffe brun foncé) qui les dissimule entièrement et qui est resserrée à la taille par une cordelette. Ils portent une cagoule, percée de trous uniquement pour la bouche et les yeux et, pour certains, leurs pieds sont nus. Certains d’entre eux vont porter, 2 heures durant, une croix pouvant peser jusqu’à 25-30 kg. D’autres vont traîner aux pieds des boulets de fer ou porter des barres de fer.

Cette procession se déroule dans le plus grand recueillement: pas de musique, de chœur ni de danses. Seuls quelques instruments rythment la marche. En tête, quelques joueurs de basin (sorte de trompette thébaine) précèdent la foule constituée de quelque 300 pénitents. Une 20aine d’entre eux expliquent, en dialecte local, des tableaux présentant des scènes bibliques illustrant la “Passion du Christ{Ensemble des souffrances et supplices qui ont précédé et accompagné la mort de Jésus}. Un personnage entouré de joueurs de crécelles {Moulinet de bois produisant un bruit aigu} et de gens traînant des chaînes à même le sol, représente le Christ montant au Calvaire.

C’est une atmosphère douloureuse (voire d’effroi) qui émane de cette procession qui est devenue, au fil du temps, une attraction touristique à laquelle assistent des dizaines de milliers de spectateurs.

Les Ommegangen et cortèges de géants

Le terme d’ommegang trouverait son origine dans les mots flamands “om” (autour) et “gang” (marche). Il est employé dans la partie flamande pour désigner les processions qui, jadis, décrivaient par leur parcours un immense cercle. Le but de ces processions était d’implorer la grâce de Dieu afin que cessent les épidémies et famines qui ravageaient les régions comprises dans le cercle ainsi formé. Ces ommegangen seraient donc nés de croyances populaires, de superstitions qui faisaient appel à la religion pour conjurer le mauvais sort qui venait s’abattre sur certaines régions.

D’origine exclusivement religieuse, ces ommegangen ont, comme nombre d’autres processions, évolué en intégrant des éléments profanes aux éléments religieux. Dans certains cas même, l’adjonction de ces éléments profanes a pris une telle ampleur que ceux-ci ont fini par éclipser tous les éléments religieux pour donner naissance à des cortèges folkloriques ou historiques qui n’ont plus rien de commun avec une procession. C’est le cas notamment de l’Ommegang de Bruxelles qui a perdu tout caractère religieux.

Les cortèges de Géants sont particulièrement nombreux en Belgique. Dans la grande majorité des cas, le passage des géants revêt une signification particulière qui s’appuie sur un passé chargé d’histoire.

L’Ommegang de Bruxelles (1er jeudi du mois de juillet et le mardi qui le précède)

L’Ommegang, tel qu’on peut le voir aujourd’hui, est basé sur celui qui a été reconstitué en 1930, à l’occasion des fêtes du centenaire de l’indépendance de la Belgique. Cet ommegang reproduit celui qui s’est déroulé en 1549 et dont on possédait une description très précise, grâce aux écrits du chroniqueur de Philippe II qui y avait assisté cette année-là.

Cet ommegang est donc devenu une évocation historique de la fête donnée par le Magistrat de Bruxelles, en 1549, en l’honneur de l’Empereur Charles Quint venu présenter son fils Philippe (futur Philippe II) et accompagné de ses sœurs, Marie de Hongrie (régente des Pays-Bas {Appellation des territoires englobant notamment une grande partie de la Belgique actuelle (à l’exception de la Principauté de Liège, de celle de Stavelot-Malmédy et du Duché de Bouillon)}) et d’Eléonore d’Autriche (reine de France).

Il est devenu une représentation artistique et théâtrale somptueuse qui se déroule sur la Grand’Place et alentours.

ommegang-bruxelles2

Origine

A l’origine, il existait 3 ommegang à Bruxelles: un dans la paroisse {Territoire sur lequel un curé exerce ses fonctions} St-Géry (la 1re paroisse de Bruxelles), un dans la paroisse de St-Michel et un dans la paroisse de St-Jean à Molenbeek. Mais, par la suite, ils seront éclipsés par l’ommegang de Notre-Dame du Sablon.

L’ommegang du Sablon a une origine légendaire. Il serait né de l’aventure de Béatrice Soetkens, cette dernière étant liée à la naissance de l’église Notre-Dame du Sablon.

La tradition veut que cette femme d’un ouvrier drapier pauvre entendit un jour des voix. Elle apprit que la Vierge Marie, Mère de Dieu, tenait à récompenser la ville de Bruxelles, et plus particulièrement le Serment {Association/corporation militaire} de l’Arbalète, d’avoir fait édifier une chapelle en son honneur sur les hauteurs du Sablon. Béatrice reçut mission de se rendre à Anvers et d’y enlever la statuette miraculeuse de la vierge, vénérée sous le vocable de N.D. à la Branche (O.L.V. op ‘t Stokske). Ces voix troublèrent profondément Béatrice qui ne put que leur obéir. Elle se hâta donc en barque jusqu’à Anvers accompagnée de son mari. Elle se rendit à la cathédrale pour s’emparer de la statuette. Le sacristain voulut s’y opposer. Mais comment résister à une volonté céleste? Le voilà pétrifié sur place, sans voix, ni force! Pressée de regagner Bruxelles, Béatrice rejoignit sa barque. Mais, son mari, ramant à contre-courant et contre le vent, fut vite épuisé. Heureusement, le Très-Haut veillait et la barque fila d’elle-même vers Bruxelles, pour accoster au Sablon, à l’endroit où les arbalétriers du Grand Serment s’exerçaient. Intrigués par l’arrivée inopinée de cet esquif nimbé d’une lumière surnaturelle et enveloppé d’une musique suave, ils pressèrent Béatrice de questions. Elle conta les causes et les circonstances de son équipée à Anvers. L’événement prit figure de miracle! Même les Anversois, accourus sur place, lui prêtèrent un caractère extraordinaire. Ils consentirent à ce que la statuette demeurât au Sablon afin d’y être vénérée, en l’abritant dans la chapelle existante. De plus, solennellement on promit qu’une église digne de l’événement remplacerait cet oratoire et qu’une procession annuelle porterait la statuette de la vierge autour de l’église, sous la protection du Grand Serment. L’Ommegang était né! {Ce qui suit est, pour partie, extrait de: ommegang.be}

A l’origine de cette célèbre procession, on trouve donc l’expression d’un sentiment religieux soutenu par l’autorité militaire. Initialement d’ailleurs, ce cortège était essentiellement religieux.

C’est en 1359 que cet ommegang est mentionné pour la première fois.

Progressivement l’Ommegang va devenir le grand événement de la Ville. Les autorités civiles (qui incarnent la classe dirigeante), les métiers {Les métiers sont des associations d’artisans et marchands} (qui représentent la vie économique), les chambres de rhétorique {société littéraire} (qui incarnent les arts et les lettres) et les Serments {Ils sont des corps d’élite formés de bourgeois en armes et chargés de maintenir l’ordre. En plus du Grand serment des arbalétriers, Bruxelles comptait encore 4 autres corporations militaires: le Petit serment des arbalétriers de Saint-Georges, les Serments des escrimeurs, des archers et des arquebusiers. Tous avaient leur autel dans la chapelle du Sablon} (qui incarnent l’élément militaire, ceux-ci étant chargés de la sécurité de la ville) vont y prendre place, et précéder le clergé. Il est l’occasion de montrer à la fois sa foi et sa prospérité. Chacun de ces groupes était accompagné d’un char allégorique.

Le temps passant l’Ommegang va devenir un cortège dans lequel le profane va se mêler au religieux et la légende à l’histoire. Des chars vont représenter l’Enfer, la légende de Ste Gudule, celle de St-George et du dragon et bien sûr la légende de Notre-Dame du Sablon. Le tout accompagné des drapeaux, trompettes et tambours. L’Ommegang était particulièrement apprécié. C’est ainsi, par exemple, que l’héritier du trône de France, Louis, va y assister en 1456. Le prestige de cette manifestation explique pourquoi les Bruxellois l’ont choisie comme événement majeur de l’accueil qu’ils ont organisé à l’empereur Charles Quint en 1549.

Cette manifestation va perdurer jusqu’au début du 19e siècle, puis va tomber dans l’oubli jusqu’en 1930, époque à laquelle on décida de reproduire l’Ommegang tel qu’il s’est déroulé en 1549. Depuis lors, le prestigieux spectacle (qui réunit plus de 1.400 acteurs) a perduré et se déroule selon un ordre qui n’a guère changé.

Déroulement

Avant l’arrivée du Cortège, le “peuple” de Bruxelles occupe la Grand’Place et se laisse entraîner par quelques musiciens ambulants. Il quitte la place en dansant pour faire place au cortège. Celui-ci s’ouvre par le groupe du Magistrat qui comprend notamment le représentant du Duc de Brabant (l’Amman), le Bourgmestre et les 7 Echevins des lignages (familles patriciennes {Membres du groupe des citoyens auquel leur richesse (souvent d’origine mercantile), leurs fonctions ou leurs alliances donnent une autorité particulière. Ils sont les maîtres des institutions communales}), les associations de métiers. Bref, toute l’organisation sociale de la Ville de l’époque est évoquée. Ils sont suivis par la Cour de Marie de Hongrie, sœur de Charles Quint et régente des Pays-Bas, accompagnée de chiens et de faucons au poing. Puis arrivent les membres de l’Ordre de la Toison d’Or {Ordre de chevalerie autrefois prestigieux fondé à Bruges le 10 janvier 1430 par Philippe le Bon, duc de Bourgogne. Cet ordre était destiné à rapprocher la noblesse des États bourguignons de Philippe le Bon et à permettre au duc d’honorer ses proches. L’empereur Charles Quint, en fit l’ordre le plus important de la monarchie habsbourgeoise et fixa le nombre de chevaliers à 51}, avec leurs longues tuniques rouges, suivis de la Cour de Charles Quint, précédée notamment de cavaliers porteurs de bannières et d’une fanfare. L’Empereur s’avance, avec sa sœur Eléonore (et femme du Roi de France, François Ier). Il est suivi par son fils (le futur Philippe II) et des nobles de la Cour. D’autres cavaliers en armes ferment le cortège.

Après cela, c’est le cortège de l’Ommegang proprement dit qui commence. Il comprend notamment les Métiers, Chambres de Rhétoriques et Serments. On y voit des jeux et divertissements (manieurs de drapeaux, échassiers, groupes de danses entourant les géants etc). Au terme du spectacle, les cavaliers réapparaissent et forment une haie d’honneur pour que se déroule le cérémonial du retour de l’Empereur et de sa Cour à l’Hôtel de Ville.

L’Ommegang a donc perdu tout caractère religieux. Seule la partie profane des anciennes processions communales est encore évoquée.

La plantation du Meiboom à Bruxelles (9 août)

ommegand-et-corteges-de-geants-meiboom-Bruxelles

La plantation du Meyboom (ou Meiboom) au centre de Bruxelles (au coin de la rue du Marais et de la rue des Sables) est une vieille tradition folklorique bruxelloise, reconnue patrimoine oral et immatériel de l’humanité par l’UNESCO. Elle se déroule dans l’après-midi du 9 août, veille de la St-Laurent, et est l’occasion d’un cortège folklorique dont le point culminant est la plantation (avant 17h) d’un arbre dit du “Meyboom” (ou “arbre de joie“).

La Société Royale des Compagnons de St-Laurent {qui se disent les héritiers d’un ancien compagnonnage. Celui-ci a bel et bien existé et a été englobé dans le Grand Serment des Arbalétriers de Notre-Dame. Ce serment avait en charge la chapelle et l’hôpital de Saint-Laurent, situés dans la rue du même nom} assure l’organisation de la manifestation.

Origine

Les données dont on dispose quant à l’histoire ancienne de la coutume sont rares et fragmentaires. Les légendes à l’origine de la plantation du Meyboom ne manquent pas. Selon certaines, les origines de la tradition se situeraient en 1213. Des Bruxellois qui fêtaient un mariage auraient repoussé une attaque surprise des Gantois. Suite à cet événement, le duc de Brabant aurait permis à la ville de créer un serment d’arbalétriers. Une autre version associe aussi les Louvanistes à ce combat contre les Gantois, une troisième version oppose, elle, les Bruxellois aux Louvanistes. Des variantes situent les événements en 1143 ou en 1308. Pour la version de 1143, on évoque un mariage entre un Louvaniste et une Bruxelloise, relation qui aurait tourné court. Conclusion: les variantes ne manquent pas et personne n’est encore capable de faire la part de l’histoire et de la légende dans les origines lointaines de la plantation.

Mais il est clair, cependant, que certains aspects sont incontestablement historiques. Ainsi, il est certain que cette tradition était en usage dès la fin du 16e siècle. Les sources mentionnent ainsi, par exemple, qu’aux 16e et 17e siècles, la chambre des comptes ducale donna déjà l’autorisation de couper un “arbre de joie” en forêt de Soignes. On sait également que sous le régime français (1794-1815), les habitants du quartier perpétuèrent la coutume malgré la dissolution des corporations et des serments.

Par ailleurs, la concurrence entre Bruxelles et Louvain a joué certainement un rôle dans la tradition du Meyboom puisque, selon la tradition, l’arbre doit être planté avant 17h, sous peine de voir le privilège de la plantation passer aux mains des Louvanistes {Ceux-ci ont d’ailleurs enlevé l’arbre en 1939, mais les Bruxellois en ont coupé un autre, qu’ils ont planté dans les délais}. C’est d’ailleurs cet aspect (la perte du privilège au profit des Louvanistes) qui évita l’abandon, pour des raisons financières, de cette tradition, en 1831.

Après la reconstitution des Compagnons de Saint-Laurent en 1880, le Meyboom a pris une nouvelle configuration au 20e siècle. Le quartier populaire qui se situait à l’Est de la rue du Marais et qui comprenait les fameux Bas-Fonds, au pied de la Colonne du Congrès, a disparu sous le marteau des démolisseurs. Les habitants se sont déplacés à l’intérieur de Bruxelles ou vers Saint-Josse et Schaerbeek. Mais la mémoire collective encore bien vivante garde le souvenir de l’ancien quartier. Et la plantation du Meyboom est devenue le rassemblement qui permet de garder cette mémoire vivante. De nos jours, la tradition continue à se renouveler. Aux “Poepedroegers” (porteurs de géants) et “Buumdroegers” (porteurs de l’arbre) se sont ajoutés les “gardevils“, qui protègent le cortège {bruxelles.be – Meyboom}.

Déroulement

Le cortège est formé notamment de six géants (mannequins d’osier au système de portage sommaire): Jan et Mieke (anciens géants de l’Ommegang donnés vers 1840) qui représentent les grands-parents (leur costume change au gré du costumier mais demeure dans le style de la fin du 19e siècle), Roske et Jefke (qui représentent les enfants et qui sont toujours habillés en costume du 15e siècle), et enfin, les deux petits-enfants (nés après 1945 et qui ne portent pas de nom) vêtus aux couleurs belges. Tous sont gantés des blanc.

La “roue de la fortune” (ou “Roue de la bonne aventure“), tirée par un cheval, porte 3 couples se tenant par la main et symbolisant les classes sociales (noblesse, bourgeoisie, peuple).

Depuis quelques dizaines d’années, le scenario est à peu de chose près resté le même.

Les “Bûûmdroegers” s’en vont dès l’aube chercher l’arbre choisi quelques jours avant. Ils parcourent ensuite les communes de Schaerbeek et de Saint-Josse en visitant les copains et copines tenanciers de bistrots typiques. Pendant tout ce temps, le camion Stommeleer qui transporte l’arbre, est gardé jalousement par quelques Bûûmdroegers et Gardevils venus les rejoindre.

Après s’être abreuvés et sustentés, ils rejoignent la Grande Place où l’Arbre est montré pour la première fois au public et aux édiles de la Ville.

Entre temps, les Compagnons de Saint-Laurent, suivis de la Fanfare, des Géants avec les “Poepedroegers” et la “Roue de la Fortune” et quelques groupes qui traditionnellement font partie du cortège, sont également arrivés sur la Grande Place.

Tout ce petit monde se retrouve vers 16h30 dans le haut de la rue des Sables. Les Bûûmdroegers s’affairent et se préparent à descendre la rue pour y planter l’Arbre avant 17h.

Un “Bûûmdroeger” se présente et va accrocher un drapeau belge dans la couronne de l’Arbre. Il devient le Meyboom a cet instant même!

Tout le monde commence alors une farandole et montre ainsi son contentement et sa joie pour le Meyboom.

Les acteurs du Meyboom s’en vont alors vers leurs amis, leur familles et dans les petits stands avoisinants pour faire la fête jusqu’au bout de la nuit.

Le Mariage de Mr et Mme Gouyasse à Ath (4e samedi et dimanche d’août) {Ath, cité des géants,terre de traditions,
Le combat de David et Goliath}

ommegang-et-corteges-de-geants-mariage-gouyasse-ath

Chaque quatrième dimanche d’août, des milliers de personnes se regroupent à Ath afin de participer à la célèbre ducasse, fête populaire vieille de plus de cinq siècles inscrite sur la Liste du Patrimoine culturel immatériel de l’Unesco.

La fête revêt un caractère particulier de par l’originalité de ses 8 géants (dont c’est l’unique sortie annuelle) et des chars et groupes folkloriques qui les accompagnent.

Origine

D’origine médiévale (15ième siècle) et religieuse, la procession célébrait la consécration de l’église Saint-Julien. Le défilé parcourait les rues de la ville le dimanche proche de la fête de saint Julien de Brioude.

Des scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament (Goliath ou Marie-Madeleine) ou de la Légende dorée (saint Christophe) y étaient présentées sur des esclides (traîneaux) ou dans la rue. Un groupe provenait du cycle de Charlemagne (cheval Bayard) et un autre des héros de la chevalerie (les neuf Preux). Le cortège était constitué de scènes prises en charge par la commune, la paroisse et les confréries.

Peu à peu (16e-18e siècle), le but religieux s’estompa au profit de la recherche du pittoresque.

Le 28 août 1794, les révolutionnaires français vont brûler les géants sur la place publique les considérant comme des symboles de l’ancien régime et il faut attendre 1804, pour que la procession reprenne vie et 1806-1807 pour que les géants renaissent sous les doigts du sculpteur Emmanuel Florent.

Dès 1819, la procession devient un cortège laïc évoluant sous l’influence des idées du 19e siècle (exotisme, nationalisme belge, affirmation de l’histoire locale,…). Toutefois, après la deuxième guerre mondiale, des éléments anciens réapparaissent.

Son déroulement

Si le cortège du dimanche constitue l’emblème de la Ducasse d’Ath, il n’en n’est pas la seule activité.

Le vendredi soir (22h) a lieu le Brûlage marronnes” (tradition récente qui remonte à 1987): Comme tout bon futur marié qui se respecte, la veille de son mariage c’est l’heure de l’enterrement de vie de garçon. Goliath n’échappe pas à la tradition, il a son brûlage de pantalon ou “brûlage des marronnes” sur un bûcher installé sur la Grand’Place.

Le samedi à midi, la grosse cloche de l’église Saint-Julien sonne et annonce officiellement le début de la Ducasse. L’après-midi (15 h), Goliath et sa future femme se rendent à l’église Saint-Julien pour célébrer leur mariage (“les vêpres nuptiales“), en présence des autorités communales. La cérémonie dure environ une heure. On y parle principalement en patois d’Ath et une chorale est également présente pour agrémenter la messe.

Vers 17h a lieu le célèbre combat entre Goliath et David (le jeune berger hébreu), moment qui fait frémir tous les Athois. Le combat (ou jeu-parti comme l’appelle encore les anciens) représente une métaphore biblique d’un combat entre le bien et le mal. Un dialogue s’établit entre le jeune hébreu David et le géant philistin Goliath, c’est le Bonimée. A la fin de celui-ci, le berger David doit lancer une balle (balle pelote ou balle d’Ath) dans l’œil de Goliath. Un seul tir, une seule chance de le vaincre. La foule retient son souffle, un silence impressionnant s’installe sur la grand’place… Si le tir est réussi, la foule explose de joie, la Ducasse sera bonne. Les époux Goliath danse alors le traditionnel “Grand Gouyass“. Si le tir est raté, un “ooooh” de déception traverse la foule, Goliath s’écrie “Je n’sus nieu co mort!”. Les époux Goliath rentreront sans danser le “Grand Gouyass”.

Dimanche est le jour où le cortège défile dans les rues de la ville.

L’Aigle à deux têtes” est le premier géant du cortège par ordre d’apparition. Il représente la confrérie regroupant les tailleurs. Vient ensuite le héros biblique “Samson{Il porte ses attributs: la colonne du Temple de Dagon et une mâchoire d’âne qui lui permit de vaincre ses ennemis.
L’histoire de Samson est racontée dans la Bible. On y apprend que ce héros hébreu avait une particularité physique: il possédait une force incroyable. Un jour, confronté à 1000 guerriers Philistins, il se saisit de l’os d’une mâchoire d’âne et parvient à les vaincre, seul contre tous. Mais Dalila, une belle Philistine, chargée de l’espionner, découvre le secret de la force de Samson: sa longue chevelure. La nuit suivante, elle rase le héros et le fait arrêter par ses ennemis. Samson est arrêté et emprisonné dans un temple. Après quelques jours, ses cheveux repoussent et il retrouve sa force. Il arrache une colonne du temple philistin qui s’écroule}
, habillé en soldat français depuis le 19e siècle), qui représente la confrérie des canonniers-arquebusiers. “Ambiorix” est, quant à lui, le géant des archers, depuis 1850 {Époque à laquelle le géant “Tyran” a été métamorphosé en Ambiorix}. Dans une Belgique devenue depuis peu (à peine 20 ans) indépendante, il représente un héros gaulois qui a résisté à César et personnifie la jeune nation belge. “Mademoiselle Victoire” évoque la Ville d’Ath. L’impressionnant (il mesure 6,30m et pèse 600 kg) “Cheval Bayard” est le symbole de l’épopée opposant Charlemagne aux quatre Fils Aymon, qu’il transporte sur son dos {Bayard est un cheval-fée légendaire, issu de nombreuses chansons de geste du Moyen Âge chrétien, dont les plus anciennes versions remontent au XIIe siècle et figurent parmi les histoires les plus populaires jusqu’au XIXe siècle. Ces textes, surtout celui des Quatre Fils Aymon, lui attribuent des qualités magiques et une origine surnaturelle: fils d’un dragon et d’une serpente, Bayard est libéré d’une île volcanique par l’enchanteur Maugis, puis le roi Charlemagne le donne à Renaud de Montauban, l’aîné des quatre fils Aymon. Renommé pour sa force et son intelligence, Bayard a le pouvoir de porter les quatre fils sur son dos en même temps, pour leur permettre d’échapper à la colère du roi (dont Renaud a tué le neveu sur un coup de colère). Livré à Charlemagne par Renaud en gage de paix, il est jeté au fond du Rhin (ou de la Meuse selon le folklore et des versions littéraires plus tardives) avec une meule autour du cou. Toutefois, Bayard parvient à s’échapper et, selon la légende, continue depuis à errer dans la forêt ardennaise, où l’on entendrait retentir son hennissement à chaque solstice d’été}. Viennent enfin “Goliath et sa femme {Celle-ci est représentée en jeune mariée}“, accompagné du “berger David“. Les géants {Sans compter le “Cheval Bayard”} mesurent de 3,30m à 4,30m et pèsent entre 112 et 129kg.

Les marches militaires

Les marches militaires se déroulent pour l’essentiel dans la région de l’Entre Sambre-et-Meuse (mais aussi, pour certaines, dans la région de Charleroi). Elles accompagnent, dans la grande majorité des cas, une procession (sauf à Ligny où il s’agit de journées napoléoniennes). Les instruments les plus typiques sont les fifres et les tambours. Dans certaines familles, on est “marcheur” de père en fils.

Différentes hypothèses existent quant à l’origine de ces marches. Certaines les font remonter au Moyen-Age. A cette époque des escortes militaires d’archers et d’arbalétriers figuraient déjà dans les cérémonies publiques avec une mission d’ordre militaire, doublée d’une mission d’ordre décoratif. Selon d’autres hypothèses, par contre, ces escortes militaires ne dateraient pas du Moyen-Age mais bien du 17e siècle, époque durant laquelle l’insécurité régnait, notamment dans la région de l’Entre Sambre et Meuse qui connaissait le brigandage et de nombreux pillages. Dès lors, pour s’en défendre, de petites milices locales se constituèrent et escortèrent les processions lors de leurs sorties, certains objets précieux (reliquaires, châsses…) transportés à cette occasion pouvant susciter la convoitise des brigands. Par la suite, ces escortes militaires n’auraient plus gardé qu’un rôle symbolique.

Un des aspects les plus curieux de ces marches est le fait que bien qu’elles remontent au moins au 17e siècle, dans l’écrasante majorité des cas, les soldats portent des uniformes de la période française (époque napoléonienne) {Début 19e siècle}. On peut supposer que ce choix est dû à l’émerveillement que produisit le costume prestigieux des troupes impériales (lors de leur passage dans la région de l’Entre-Sambre et Meuse) sur la population locale qui n’hésita pas à copier ces uniformes.

Marche de Ste Rolende à Gerpinnes (lundi de Pentecôte)

marches-militaires-marche-ste-rolande-gerpinnes

Chaque année, se déroule, le lundi de Pentecôte, quel que soit le temps, la procession ou ” Tour Sainte Rolende“, procession qui trouve son origine au 8ième siècle, dans la légende de sainte Rolende. En 1413, la procession est déjà considérée comme une antique coutume.

Après une messe célébrée le lundi de Pentecôte à 3 heures du matin, la procession s’ébranle et ne rentrera à Gerpinnes qu’à 19 heures, après un parcours de 35 kilomètres. Tous les villages qui ont fait partie de l’ancienne paroisse la recevront tour à tour et lui rendront les honneurs d’une manière très spectaculaire. Cette procession est un cortège mi-profane, mi-religieux.

A partir du dimanche de la Pentecôte, vers le soir, on assiste à une véritable mobilisation des hommes de tous âges et même des enfants. Gerpinnes est sous les armes: à partir de 22 heures, on sonne le couvre-feu; à 2 heures du matin, le réveil. Tambours et fifres parcourent le village en tous sens et le rythme martial de leurs roulements crée une ambiance particulière à laquelle personne ne résiste. Des mouvements de troupe vont se succéder suivant un ordre que la coutume impose.

Le cortège revenu à Gerpinnes en début de soirée, on voit se déployer la grande parade des 11 Compagnies. Les reliques, encadrées par le clergé, précédées par plus de 2500 marcheurs, font leur rentrée solennelle dans l’église de Gerpinnes, après avoir traversé les rues de la localité.

Les Carnavals

Les carnavals relèvent de la tradition de faire bombance (le Mardi Gras) avant d’entrer dans la période de jeûne du Carême, période de pénitence.

Mais, si l’élément religieux a quelque chose à voir dans le carnaval (notamment au plan du temps scandant la vie des hommes), l’inspiration générale est celle d’une fête profane durant laquelle beaucoup de choses sont tolérées.

Le Carnaval de Binche

Ce carnaval a été reconnu “Patrimoine Oral et Immatériel de l’Humanité” par l’UNESCO en 2003.

Origine

Les origines du Carnaval de Binche semblent difficiles à retracer avec objectivité et certitude. Par ailleurs, de nombreuses légendes ont vu le jour afin de tenter de l’expliquer. La légende qui a remporté le plus grand succès est l’hypothèse farfelue, imaginée par le journaliste Adolphe Delmée au 19e siècle, du gille descendant des Incas. Ces Incas seraient apparus en costume lors des fêtes organisées par Marie de Hongrie en 1549 pour accueillir son frère, Charles Quint, et son neveu, Philippe II. Les Binchois appréciant leurs costumes colorés et exotiques auraient perpétué ce défilé dans la cité.

Les célèbres Gilles

carnaval-binche-gilles

Les personnages principaux de ce carnaval sont les près de 1000 “Gilles» de Binche, particulièrement célèbres pour le costume qu’ils revêtent le dernier jour du carnaval, le “Mardi Gras” (qui est le seul jour de l’année où ils sont autorisés à le porter). Le costume de Gille est constitué d’une blouse et d’un pantalon en jute ornés de 150 motifs (étoiles, lions et couronnes) en feutrine noire, jaune et rouge. Lors de l’habillage du gille, la blouse est “bourrée” de paille à l’avant et à l’arrière et ornée d’un grelot. A la taille, il porte une ceinture de laine rouge et jaune, montée sur de la toile, appelée “apertintaille” et composée de clochettes de cuivre. Une collerette (ou pèlerine), constituée de rubans plissés, de dentelles ou de franges dorées s’attache autour du cou par-dessus les bosses. Sur la tête, une “barrette” (bonnet de coton blanc) et un mouchoir de cou (carré plié de coton placé sous le cou et noué sur la tête pour maintenir la barrette) viennent recouvrir l’ensemble des cheveux. Lors du cortège du Mardi Gras après-midi, le Gille porte un majestueux chapeau de plumes d’autruche (qui pèse environ 3 kg) {Le Gille ne possède pas le costume ni le chapeau. Il les loue chez le louageur, lequel est spécialisé dans la confection et la location du chapeau et du costume. De façon générale, cela coûte cher d’être Gille}. Aux pieds, le Gille porte des sabots de bois. Le costume est uniquement réservé aux hommes issus de familles binchoises ou résidant à Binche depuis au moins cinq ans. La participation au Carnaval de Binche est régie par des règles strictes.

Les festivités pré-carnavalesques

Les festivités pré-carnavalesques commencent le dimanche, six semaines avant les jours gras. Il y a tout d’abord les répétitions de batterie {Les sociétés sortent au rythme des tambours et des grosses caisses}, ensuite les soumonces en batterie {Accompagnés des tambours et des grosses caisses, les futurs “Gilles” rejoignent le centre-ville chaussés de leurs sabots et munis de leur apertintaille (ceinture ornée de clochettes). Ils dansent en agitant le ramon. Chaque batterie est composée de six ou sept tambours, d’un joueur de caisse et d’un porteur de caisse. Les batteries jouent toutes les mêmes airs, mais chacune à sa manière. il existe 26 airs de gilles} et enfin, les soumonces en musique {Un orchestre de cuivres vient se joindre aux batteries et les participants portent un costume du « Dimanche Gras » porté lors des carnavals précédents}. Celles-ci se déroulent un dimanche sur deux afin que toutes les sociétés {A Binche, les sociétés carnavalesques sont au nombre de treize. Chaque “Société” a pour mission de s’occuper de ses membres, les Gilles, les Paysans, les Pierrots et les Arlequins. Elle est notamment chargée de recruter une batterie, des musiciens} ne sortent pas le même jour. Parallèlement à ces festivités, des bals de gala, où l’on vient souvent déguisés, sont organisés et animés par des orchestres. Le lundi qui précède le dimanche Gras, il y a enfin la nuit des “Trouilles de Nouilles” où vers vingt heures, des groupes costumés et surtout masqués sortent repérer, dans un café ou dans une rue du centre-ville, une personne non déguisée (et de préférence connue) afin de l’intriguer par des farces {Ils abreuvent leurs victimes de réflexions humoristiques, sarcastiques ou encore moralisatrices}.

Le Dimanche Gras est le jour le plus coloré du Carnaval. Les futurs Gilles, Paysans {La société des Paysans est issue du Collège Notre-Dame de Bon Secours de Binche. Le Paysan porte un costume plus simple que celui du Gille: un sarrau bleu orné de manchettes blanches, un pantalon blanc, des fines chaussures décorées de rubans plissés, des gants blancs et un ramon un peu différent de celui du Gille. Le Paysan porte également un chapeau orné de deux plumes blanches d’autruche et de longs rubans blancs. Il porte aussi une “barrette” ainsi qu’un large carré de tissu blanc plié sous le menton. Enfin, le Paysan porte un masque presque semblable à celui du Gille mais sans la moustache et la barbiche. A Binche, les Paysans sont considérés comme les “futurs gilles” car ils doivent répondre aux mêmes conditions que ceux-ci}, Pierrots {La société des Pierrots est issue du Petit Collège de Binche, anciennement l’école des Frères. Ils peuvent être aussi bien des filles que des garçons. Les Pierrots sont inspirés de la Comedia Dell’Arte. Ils portent une coiffure conique, ornée d’une dentelle et d’un ruban blanc sur le sommet. Ils portent une blouse et un pantalon de la même couleur qui peut être rose, bleu ou jaune. Leur masque est un loup noir et ils tiennent en main un bâton orné de rubans de différentes couleurs} et Arlequins {La société des Arlequins est issue de l’Athénée Royal de Binche. Ils peuvent être aussi bien des filles que des garçons. Les Arlequins sont inspirés de la Comedia Dell’Arte. Ils portent une blouse et un pantalon en tissu imprimé de triangles jaunes, rouges et verts avec une ceinture noire. Leur chapeau feutré est vert, garni d’une queue en fourrure noire et grise. Ils portent un demi-masque d’Arlecchino galonné de fourrure. Dans leur main, ils tiennent une batte ornée de rubans de différentes couleurs} du mardi portent un déguisement de fantaisie, imaginé des mois à l’avance et préparé dans le plus grand secret. Dès 7 heures, les participants partent de maison en maison, au son du tambour ou de la viole {La viole est un orgue de Barbarie portatif}, et parcourent la ville par petits groupes. Après un repas en famille et entre amis, les sociétés se reforment pour le cortège du Dimanche Gras (avec tambours et cuivres). Après le cortège, les sociétés continuent à déambuler en rue “en musique” jusque tard dans la soirée.

Le Lundi Gras est un jour plus intime où les Binchois se retrouvent principalement entre eux. Cette journée est surtout celle des jeunes et des enfants. Dès 10 heures, c’est au son des violes, que les Jeunesses sortent en groupes, se déplaçant de café en café, et parcourent la ville en dansant durant toute la matinée. Vers 11 heures, des batailles de confettis sont également organisées dans les différents cafés du centre-ville.Vers 15 heures, les Jeunesses se rassemblent dans leur local respectif pour regagner la Grand-Place en offrant des oranges. Tous les enfants costumés se retrouvent alors pour former le “Rondeau de l’amitié”.

Le Mardi-Gras

La journée du Mardi Gras débute par “l’habillage“, moment familial intime, où le Gille revêt son costume traditionnel (à l’aide d’un “bourreur”, spécialiste chargé de remplir de paille les 2 bosses du Gille, l’une sur le ventre et l’autre sur le dos). Dès l’aube, muni de son “ramon{Jadis simple balai, le ramon est formé d’un faisceau de baguettes de saule séchées, assemblées par des ligaments en rotin. C’est avec le ramon ou avec le panier pour les oranges (tenu le Mardi Gras après-midi) que le Gille rythme la cadence} pour la danse, le premier gille quittera son domicile, accompagné par un tamboureur (A Binche, le Gille ne se déplace jamais sans être accompagné d’un tambour qui rythme sa danse) et parfois d’un joueur de caisse. Accompagné d’amis et de parents, il effectuera, pour chaque quartier déterminé, le “ramassage” des autres gilles de sa société. Bien souvent, l’arrivée au domicile de chaque gille est ponctuée, jusqu’au lever du jour, par l’aubade matinale, un air joué au fifre mais aussi, actuellement, à la clarinette. Reconstituées vers 7 heures, les sociétés vont ensuite déjeuner d’huîtres et de champagne. Dès 8h30 et durant toute la matinée, les sociétés de Gilles, de Paysans et de fantaisie (Arlequins et Pierrots) rejoignent la Grand-Place. Gilles et Paysans portent alors un masque de cire {décoré de lunettes vertes, d’une moustache, d’une petite barbiche et de favoris}. Ils sont accueillis à l’Hôtel de Ville par les autorités communales pour la remise des médailles aux jubilaires. Vers midi, tous les participants regagnent leur domicile pour le repas. A 15h00, le cortège démarre en direction de la Grand-Place où il forme un rondeau. C’est durant ce cortège que les Gilles lancent dans le public des milliers d’oranges {Ces oranges remplacent d’anciens fruits de la région et sont symbole de fécondité. Il est interdit de les relancer} et portent leur chapeau de plumes d’autruche. Les sociétés sont alors accompagnées des tambours et des “musiques”. Vers 20h00, démarre alors le cortège du soir, suivant le même parcours que l’après-midi, à la lueur des feux de Bengale. Les paniers d’oranges sont vides et les Gilles ont enlevé leur chapeau. Vers 21h30, la Grand-Place s’embrase dans un grand feu d’artifice qui clôture le Carnaval avec un “Plus Oultre” (devise de Charles Quint, signifiant toujours plus loin) illuminé en guise de final. Les sociétés continueront à danser toute la nuit, au son des tambours, mais les derniers participants devront impérativement être rentrés avant le lever du jour.

Une règle stricte interdit à tout Gille de se produire hors de Binche et de revêtir son costume un autre jour que le Mardi Gras. Les Gilles que l’on voit en dehors de Binche ne viennent donc pas de cette ville mais bien d’autres villes qui ont emprunté à Binche ses costumes et personnages.

Le Rozenmontag à Eupen (le Lundi de Carnaval)

Le carnaval eupenois devrait être aussi ancien que la ville elle-même, et celle-ci est mentionnée pour la première fois en 1213. Il faut pourtant attendre l’année 1696 pour retrouver les textes qui citent le carnaval d’Eupen et ses trois jours de folle liesse.

A partir du 19e siècle, le carnaval s’institutionnalise peu à peu et s’inspire très largement des coutumes rhénanes. Il est présidé par un prince-carnaval entouré de pages.

Les festivités pré-carnavalesques

Dès novembre, de nombreuses soirées spéciales annoncent et préparent les festivités de la rue qui culminent avec les grands cortèges du carnaval. Au cours de ces nombreuses “Kappensitzungen“, genre de soirées de cabaret, les “Büttenredner“, humoristes costumés, passent en revue les événements de l’année, et sous le couvert d’une certaine immunité, ils s’attaquent parfois violemment, mais toujours avec humour, aux “grands” du pays ou de la ville. Ces soirées sont agrémentées par des groupes folkloriques, des sociétés carnavalesques…

Le carnaval visible pour tous, celui de la rue, commence dès le jeudi précédent le carnaval: c’est le jeudi gras ou jeudi des vieilles femmes (“Altweiberdonnerstag“). L’explication de l’origine de cette fête très particulière réservée aux femmes remonte au 19e siècle. Leur participation directe au carnaval officiel étant interdite, elles vont contourner cette interdiction en organisant leur propre fête en marge des manifestations traditionnelles. Ainsi, encore de nos jours, elles sont plus d’un millier, habillées à la mode 1900, à former un cortège qui traverse toute la ville pour assiéger en fin de parcours l’hôtel de ville où elles se font remettre pour un jour les clefs de la ville, signe du pouvoir! Les messieurs qui sortent ce jour-là en ville ont tout intérêt à mettre un pull à col roulé ou à se costumer. Pas uniquement à cause du froid, mais surtout afin d’éviter la vindicte des “vieilles femmes” (souvent jeunes) qui font la chasse aux cravates et qui munies de ciseaux n’hésitent pas à les couper et à se les attribuer comme trophée.

Cet épisode passé, il reste au Prince Carnaval à se rendre officiellement à l’hôtel de ville. Pour trois jours, il se fait remettre le pouvoir de la ville symbolisé, à ce moment-là, par le protocole, un crayon et des menottes de la police ainsi que le “collier des Princes”. Ce ne sera que le lendemain, le dimanche, qu’il recevra les clefs de la ville.

Le dimanche est aussi et surtout le jour des enfants et ceux-ci sont très fiers d’avoir leur cortège et de pouvoir s’y montrer avec leur “Kinderprinz“.

Le “Rosenmontagszug”

carnaval-rozenmontag-prince-carnaval

Le point culminant du carnaval eupenois est le “Rosenmontagszug“, le cortège du lundi des roses (mentionné pour la première fois en 1884). C’est là que le Prince apparaît à tout son “bon peuple“. Un cortège de plus de cent groupes montés ou à pieds, riche en couleurs et encadré par plusieurs fanfares, défile dans les rues de la ville. Les chars, fruits de longs mois de travail assidu de la part des sociétés carnavalesques, sont tirés soit par des chevaux, soit -modernité oblige- par des tracteurs. Ils représentent des temps forts de la vie de l’année écoulée, des situations très comiques avec des résultats parfois très surprenants. Le clou du cortège est incontestablement un groupe composé de la garde princière qui encadre le char du Prince avec ses pages et ses adjudants. Le Prince jette à profusion des oranges, des sucreries et des tonnes de confetti dans la foule enthousiaste, pour la plus grande joie de celle-ci et surtout des enfants. En fin de journée, à la suite du Prince et de sa garde, les participants au cortège et le public se bousculent pour entrer dans la salle où le bal débute immédiatement dès les premières mesures jouées par l’orchestre. On y dansera jusqu’à l’aube!

Le mardi, il y a également un cortège pour les enfants du village de Kettenis, mais au cours d’un nouveau bal, à minuit, le Prince devra rendre les clefs de la ville au Bourgmestre.

Le Cwarmê de Malmedy

carnaval-cwarme-malmedy

On fête le “Cwarmê de Malmedy” depuis des siècles {folklore et carnaval}: un document d’archives daté du 25 juin 1459 fait référence aux lundi et mardi du “Quarmae“. Ce mot désigne à Malmedy la période de carnaval, qui dure quatre jours, du samedi midi au Mardi-Gras à minuit.

Ces quatre jours sont désignés également sous le nom de “grandès-haguètes {L’acception ancienne du terme “haguète” désignait tous les masqués. Les jours de ” grandès haguètes ” sont des journées revêtant plus de faste, par opposition aux “p’titès haguètes”}” par opposition aux “p’titès haguètes” ayant lieu les quatre jeudis précédant le Cwarmê, appelés Jeudis-Gras {Dès la nuit tombée, hommes et femmes mais principalement la gent féminine se travestit et va par la ville, faisant halte à chaque débit de boisson pour y taquiner et “lawer” (ironiser) les messieurs qui s’y trouvaient. Souvent, ces dames se regroupaient pour exécuter un “petit rôle” qui consiste à choisir une victime et à lui offrir leurs “services” en tant que coiffeuses, maquilleuses, infirmières… jusqu’à ce que la pauvre victime offre la tournée. De nos jours, ce sont principalement les deuxième et troisième jeudis-gras qui restent les plus animés}.

La cérémonie officielle d’ouverture du carnaval est fixée à 15 heures. C’est à partir de ce moment-là qu’on a le droit de porter le masque. C’est à ce moment-là que le Bourgmestre remet ses pouvoirs au “Trouv’lê”, personnage qui symbolise le pouvoir durant les quatre jours du carnaval. Au cours de sa “passation des pouvoirs” au “Trouv’lê“, le Bourgmestre proclame l’ouverture officielle du Cwarmê en un discours versifié en wallon ; le “Trouv’lê” lui répond de la même manière. Dans l’après-midi, un cortège réunit les sociétés.

Le dimanche, se déroule un grand cortège composé des sociétés et de leurs suites travesties. Quand le cortège est disloqué, les quelque 1500 travestis, suivant ou non un corps de musique, vont faire participer le public en le taquinant gentiment. Ces “bânes corantes“, joyeux désordre généralisé, constituent l’originalité toute particulière du carnaval de rues malmédien, bien distinct en cela de la stricte parade.

Le lundi, selon le rite de l’authentique théâtre de rue, les sociétés locales montent des scènes ambulantes et, après avoir parcouru la ville pour exhiber les acteurs, font halte à certaines places pour y donner leurs représentations appelées “roles” (rôles). Ces “roles” sont des pièces satiriques écrites en vers et en wallon, entrecoupées de nombreuses chansons à couplets relatant les événements et menus faits cocasses survenus aux Malmédiens durant l’année écoulée.

Le mardi après-midi, les sociétés de carnaval font une sortie individuelle. Les costumes sont très beaux et les farandoles offrent un spectacle élégant et agréable. Le soir, toutes les sociétés et leurs suites, toute la population sont rassemblées sur la Place Albert Ier pour voir brûler le personnage de la Haguète au sommet d’un énorme brasier, symbole de la fin des festivités {Jusqu’en 1891, le carnaval se terminait le mercredi des cendres par un “brûlage de l’os”, interdit par le clergé dès 1892. Les Malmédiens réinstaurèrent le “brûlage de la Haguète” en 1954, le mardi-gras au soir}.

Il est à noter, que toutes les manifestations du Cwarmê se déroulent en un wallon.

Le Carnaval des Blancs-Moussis à Stavelot (le 3e dimanche de carême)

carnaval-blancs-moussis-stavelot

Le Carnaval des Blancs-Moussis {Le Blanc Moussi: Un personnage énigmatique et frondeur, Le Laetare et les Blancs – Moussis} se déroule au milieu du Carême, à l’occasion de la “Laetare“, une halte de réjouissance dans cette période de carême. En effet, du fait de l’approche de Pâques, la joie de la Résurrection du Christ commence à percer. Ce dimanche est donc une pause au milieu du carême et de la marche vers Pâques.

A cette occasion, un grand cortège animé et haut en couleur parcourt les rues de Stavelot. Les rois de la fête sont sans conteste, les “Blancs Moussis” {En langue wallonne “Blanc Moussi” signifie “habillé de blanc”}; personnages mystérieux, tout de blanc vêtus, portant un masque hilare au long nez rouge, qui vont et viennent, grognent (mais ne parlent pas), sautillent, lancent des confettis et taquinent la foule avec des vessies de porc gonflées.

En effet, les Blancs Moussis possèdent aussi un caractère. Ils sont frondeurs, satiriques et amuseurs. Leur but, dans le cortège, est de faire participer les spectateurs, d’engendrer chez eux une réaction, bref de les intégrer à la fête.

Pour les aider dans leur rôle durant le cortège, les Blancs Moussis sont entourés de pêcheurs, de géants, de colleurs d’affiches, de porteurs de ramons et de chars souffleurs de confettis.

Les pêcheurs font pendre au bout de leur ligne un hareng saur qu’ils glissent sur les chevelures des spectatrices provoquant force cris et éclats de rire.

Les colleurs d’affiches apposent sur les façades des placards satiriques rappelant tel ou tel événement ou soulignant un trait de caractère ou une anecdote de la vie de l’un ou l’autre Stavelotain.

Le rôle originel des “ramons” (balais au long manche) est de décoiffer les messieurs ainsi que de taquiner les spectateurs en sécurité à leur fenêtre. De nos jours, ils constituent aussi l’avant-garde des chars souffleurs de confettis pour lesquels ils leur arrivent de bloquer une fenêtre en position ouverte.

Une légende communément admise raconte que l’origine des Blancs-Moussis viendrait d’un édit du prince-abbé G. de Manderscheidt qui, en 1499, interdit à ses moines de participer au carnaval. Les Stavelotains tournèrent en dérision cette interdiction en participant aux festivités du carnaval, déguisés en moines blancs. Le costume des Blancs Moussis était né. Cette première apparition remonterait à 1502. Un masque hilare au long nez complétera l’accoutrement. Depuis 1820, de façon à peu près continue, Stavelot célèbre son carnaval le dimanche du Laetare avec, en vedette, les Blancs Moussis.

Quelques autres manifestations folkloriques

Le Goûter matrimonial d’Écaussines (le Lundi de Pentecôte)

De 1890 à 1910, le nombre de mariages ne cessant de diminuer à Écaussinnes, un joyeux luron d’Écaussinnes-Lalaing, Onésiphore, dit Marcel Tricot (1883-1963) eut l’idée de remettre à l’honneur la coutume de la plantation de “l’arbre de Mai” qui constitue, à cet endroit, l’expression d’un sentiment d’amour envers une jeune fille à marier. Cette expression était anciennement matérialisée par la plantation, généralement la nuit, d’un bouleau dépouillé de ses racines, devant la maison de l’élue de son cœur.

A Écaussinnes-Lalaing, les jeunes gens et jeunes filles avaient pour habitude de fêter au début de mai la venue du printemps, symbole du renouveau de la nature. Généralement dans les hameaux, la plantation de “l’arbre de mai” se faisait dans la cour d’une ferme ou dans une prairie des environs. Une fois “l’arbre de mai” planté et décoré de rubans et d’oripeaux de toutes les couleurs, la fête pouvait commencer.

Mais cette cérémonie champêtre avait anciennement une signification magique: on estimait que seule une fête de la “Jeunesse” pouvait agir favorablement sur la nature et provoquer à coup sûr son renouveau. C’était l’occasion pour les garçons et les filles de se rencontrer, de mieux se connaître et, par conséquent, de se trouver certaines affinités.

Le choix d’un bouleau n’est pas anodin.Traditionnellement, la plantation d’un arbre devant ou sous les fenêtres de la maison d’une jeune fille avait, selon l’essence ou la matière employée, une signification particulière qui reflétait bien ce que l’opinion publique pensait de la fille concernée. Aux Écaussinnes,

  • le houx signifiait: fille méprisante, hautaine, qui s’y frotte s’y pique
  • le hêtre: la paresse
  • le peuplier: la malpropreté physique et morale
  • la paille: l’avarice
  • le cerisier: vous êtes trop généreuse de vos faveurs
  • le sureau: vous êtes douce et fière
  • l’arbuste sans feuille: l’inconduite de la jeune fille
  • le coudrier: l’honnêteté
  • l’aubépine: ma belle, vous êtes fine et piquante
  • Quant au bouleau, il annonçait tout un programme: tu es mon aimée

Le Sabbat des Macralles à Vielsalm (le 20 juillet)tip

autres-manifestations-sabbat-macralles-vielsalm

Un jour, il y a tellement longtemps que personne ne saurait plus préciser la date, des jeunes gens, avec à leur tête “Djingou l’fossî”, se rendirent dans un massif boisé aux abords de Vielsalm, à la recherche de myrtilles, fruits sauvages que l’on trouve dans nos forêts d’Ardenne. Cette année-là, l’hiver ayant été rude et les gelées s’étant prolongées tard dans le printemps, les myrtilles n’étaient pas abondantes. Après avoir cherché en vain pendant des heures et des heures, Djingou décida qu’il valait mieux retourner bredouille que de continuer à chercher dans la nuit ces baies introuvables. En redescendant du Bonalfa, nos jeunes rencontrèrent Gustine Maka, une vieille femme pittoresque, qui passait pour être une “macralle”, terme wallon désignant une sorcière, une jeteuse de sorts, une personne ayant des pouvoirs maléfiques. Cette rencontre n’aurait rien eu d’extraordinaire si Gustine Maka n’avait été porteuse d’un “tchenna” (panier) rempli de myrtilles. A les voir ainsi pétrifiés d’étonnement, Gustine rit sous sa cape et leur dit”Vîno beure on p’tit henna è magnî do tchatcha” (Venez boire un verre de genièvre et manger du “tchatcha”, sorte de nectar fait de myrtilles fraîches écrasées). Les jeunes gens ne purent résister à une invitation si tentante. Mal leur en prit car, ces myrtilles miraculeuses étant “emmacrallées”, ils furent transformés à leur tour en“Macralles”.

Chaque 20 juillet soir, les“Neurès Bièsses” (les Macralles) se rassemblent sur les rochers du Tiennemesse pour y tenir leur Sabbat en présence de leur maître, le“NeûrBo”(le bouc noir), qui n’est autre que le Diable {Les Macralles du Val de Salm}. Les macralles s’y vantent, dans le patois local, de leurs activités néfastes perpétrées au cours de l’année, dont les cibles sont très diverses. Les “Neurès Bièsses” profitent également de ce spectacle son et lumière pour introniser certaines personnalités et leur conférer ainsi le titre de“Baron des Frambâches”…. Parmi les personnes intronisées,on peut citer: Didier Comes, Jean-Claude Servais, André-Paul Duchateau, François Walthery, Bob de Moor, …

Petit rappel historique

La sorcellerie imprégna profondément les campagnes aux 16e et 17e siècles. Plusieurs lieux dits rappellent encore par leur nom la fin tragique d’une sorcière, que l’on nommait aussi, en wallon une “macrale”.

Pendant la 2de moitié du 17e siècle, plus de 20 procès vont avoir lieu en Ardenne. La plupart des condamnés vont être étranglés puis brûlés. Marginaux et non conformistes étaient suspects et traqués par les autorités civiles et religieuses. On voit apparaître la figure de la “jeteuse de sort au mauvais oeil” qui va être le bouc émissaire tout désigné. Il s’agit souvent d’une pauvre femme, vieille, laide et veuve vivant à l’écart. La rumeur publique suffit pour provoquer une enquête. La fatigue, la torture et l’emprisonnement suffisent à faire le reste {Collectif, Les plus beaux villages de Belgique, éd. Reader’s Digest, 1981, p. 157}

Les Fêtes populaires en Outre-Meuse à Liège (le 15 août)

autres-manifestations-fetes-outremeuse-Liege

La “République Libre d’Outre-Meuse” (quartier de Liège) organise des festivités, le jour de la fête de Marie, où le religieux et le profane font bon ménage. Au début la fête ne durait qu’un jour. Au fil des années, les manifestations se sont étoffées et s’étalent sur une semaine.

La fête débute officiellement le 14 août à 18 heures {tchantches.com}. Vers 17H50, le “Bouquet de la République Libre d’Outre-Meuse” sort du musée Tchantchès {personnage de fiction issu du folklore liégeois représenté par une marionnette}, pour se rendre place Delcour, où à lieu “le tir de campes” à 18 heures précises. Divers concerts en tout genre ont lieu dans la soirée sur les différents podiums disséminés dans le quartier, qui est également animé par la sortie de plusieurs groupes musicaux.

Réminiscence de “L’Arbre de mai“, la sortie du Bouquet marque le point de départ des festivités du 15 août. Les autorités du 18e siècle ayant interdit la sortie des attributs des Métiers lors des processions, cette bannière fut remplacée par un bouquet. Celui de la République Libre d’Outre-Meuse, datant de 1776, mesure près de 7 mètres de hauteur, pèse plus de 50 kilos, et est garni de 3000 fleurs de soie… Les porteurs doivent êtres solides, le bouquet se portant à bras tendus. Accompagnés par une fanfare, le bouquet parcourt le quartier, s’arrêtant sous chaque potale (niche accueillant une statue de la Vierge Marie ou d’un Saint), et à chaque devanture particulière ou terrasse de café, où sera servi aux porteurs le traditionnel pékèt (alcool de baies de génévrier).

Le tir de campes est une tradition des anciennes fêtes paroissiales. Une campe est une boîte de fonte, remplie de poudre noire bien tassée. Sur un parcours tracé à la sciure de bois, et recouvert d’une traînée de poudre, le carillonneur alterne des séries de campes de taille différente, afin de donner un certain rythme aux explosions. Le tir se termine par les quatre plus grosses campes, aussi appelées bombes. À 18 heures précises, le président de la République Libre d’Outre-Meuse boute le feu à la première campe. S’ensuit une pétarade assourdissante durant plus d’une minute. Le tir du 14 août se compose de 700 campes. Ce tir s’appelle aussi carillon, car il était de tradition de l’effectuer lors des fêtes carillonnées.

Le 15 août, la procession débute à 10 heures, par la sortie de la Vierge noire de l’église St Nicolas. La procession se rend ensuite à l’endroit du quartier (changeant chaque année) où aura lieu la messe, avec le sermon en wallon. Après cette messe, la procession repart sous les “potales“, pour rejoindre l’église.

Tradition remontant au 14e siècle, une “potale” était à l’époque une niche creusée dans un mur, afin d’y déposer la statue d’un saint (En général, St Roch, protecteur contre la peste) ou de la Vierge, plaçant ainsi les habitants de l’immeuble sous leur protection. Au fil du temps, le culte marial l’emporta sur celui de St Roch… Des locataires d’immeubles voulant eux aussi leur potale, dès le 16e-17esiècle, les niches creusées à même les murs furent remplacées par des niches en bois, accrochées aux façades. Lors des festivités du 15 août, les statues contenues dans ces potales sont parées de leurs plus beaux atours, les potales sont fleuries et illuminées.

A 15 heures, débute le grand cortège folklorique, qui sillonne le quartier jusqu’aux environs de 18 heures. C’est le moment le plus attendu des festivités, et sans doute aussi celui qui attire le plus de visiteurs dans le quartier. Ce cortège est composé d’une vingtaine de groupes folkloriques, certains wallons (macrales de Haccourt ou de Vielsalm, Haguettes de Malmédy, Porais Tilffois…) d’autres venant de l’étranger.

La soirée, est comme le 14, consacrée aux concerts jusqu’aux petites heures.

Le 16 août, apparaissent aux façades un étrange faire-part de décès: un certain “Mathy l’Ohè” serait décédé durant les festivités! “La levée du corps aura lieu à 17 heures au Musée Tchantchès, où les visites sont attendues dès 16 heures…” Mathy l’ohè (Mathieu l’os, en wallon) est, en fait, un os, symbolisant ce qu’il reste des agapes de la fête paroissiale, son enterrement signifie donc la fin des festivités. Dans la première salle du musée Tchantchès, est dressée une mortuaire bien réelle, où repose Mathy, dans son cercueil, accompagné de ses attributs: une bouteille de pékèt vide, botte de carottes et céleri. Un registre de condoléances est à la disposition des visiteurs, tout comme le bar du Musée. A 17 heures, a lieu la levée du corps! Accompagné par une fanfare, la dépouille est escortée d’un cortège bigarré, composé des Ministres de la République Libre d’Outre-Meuse, du clergé et des pleureuses. Ce cortège s’arrêtera sous chaque potale et à chaque autel de la soif dressé pour la circonstance par les bistrotiers et sympathisants du quartier. La particularité de la musique accompagnant ce cortège est qu’elle passe sans cesse d’une marche funèbre à une joyeuse farandole. Après près de trois heures de défilé, danses et autres arrêts-pékèt, le cortège arrive enfin sur la place Gabriel, en Roture, où l’os est incinéré symboliquement. A ce moment, le 15 août est fini, le bal populaire peut enfin commencer.

Des personnalités du folklore bruxellois

Le “Manneken-Pis”

personnalites-folklore-bruxellois-manneken-pis

Avant de devenir un symbole du folklore et de se voir offrir les tenues les plus diverses, Manneken-Pis {Manneken-Pis et Heyblom (J), Folklore, éd. Les Amis de l’IPIAT} a d’abord été et reste une fontaine (située au coin des rues du Chênes et de l’Etuve, non loin de la Grand’Place).

Rappel historique

On ignore les origines exactes de la statue. Les légendes {Dont celle racontant que Manneken-Pis doit son origine à l’exploit d’un gamin qui éteignit une bombe destinée à faire sauter l’Hôtel de Ville} abondent mais les documents historiques sont rares. La première mention remonte à 1377: un document signale l’existence d’une fontaine dénommée “juliaenekensborre” (fontaine du petit julien). En 1469, dans un document faisant référence à la rue de l’Etuve, on parle d’une fontaine, là où le “manneke pisse” (où le petit homme fait pipi) .

Il semble qu’au 14e siècle, Bruxelles possédait 3 fontaines publiques importantes qui captaient les eaux descendant du Sablon et du Coudenberg (actuelle Place Royale): celle du “Petit Julien”, celle des “Trois pucelles” (devant l’Eglise St-Nicolas), et celle des “Trois satyres” (disparue en 1847).

En 1619, le sculpteur bruxellois Jérôme Duquesnoy reçoit commande du Magistrat de Bruxelles d’une statue en bronze destinée à remplacer l’ancienne statuette gothique.

Vers la fin du 17e siècle, la statuette participe étroitement à la vie de la cité. Rescapée du bombardement de Bruxellestip en 1695, elle devient un bien précieux et jouit d’une gloire sans cesse grandissante. On suppose que c’est à la suite de ce bombardement que les Bruxellois vont considérer cette statue comme le symbole de la résistance et ce, d’autant plus que ce fut pratiquement la seule statue située près de la Grand’Place qui ne fut pas détruite. Associée aux grands événements, on la pare de vêtements somptueux. Son premier costume lui est offert par le gouverneur des Pays-Bas catholiques, en 1698 et, en 1747, c’est au tour du roi de France, Louis XV, de lui en offrir un pour pallier le mauvais effet produit par l’enlèvement (puis son abandon rapide dans le centre-ville) de la statuette par ses soldats. Au 18e siècle, elle est déjà habillée au moins 4 fois par an.

La tentative d’enlèvement par les soldats français n’est pas la seule aventure qu’il connaîtra. Ainsi, en 1745 (pendant la guerre de Succession d’Autriche), des soldats anglais l’enlevèrent et l’emportèrent jusqu’à Grammont où elle leur fut reprise par les habitants qui la rendirent aux Bruxellois (qui leur offrirent, en guise de remerciements, une réplique). En 1817, elle fut enlevée par un forçat gracié. On la retrouva détériorée sur les remparts. Le voleur fut condamné aux travaux forcés à perpétuité et à l’exposition publique au carcan {Collier métallique qui sert à attacher un prisonnier à un poteau} et à la flétrissure {marque au fer rouge sur le condamné}, sur la Grand’Place. En 1963, elle fut enlevée par des étudiants anversois désireux d’attirer l’attention publique sur la situation de leur institut d’enseignement. Elle fut retrouvée le jour même. Par contre, l’enlèvement qu’elle subit en 1965 fut plus “tragique”: elle fut arrachée et seules les jambes restèrent attachées à son socle.

Une image-symbole du folklore bruxellois

Depuis qu’il a perdu sa fonction dans le réseau d’adduction d’eau de la Ville, au 19e siècle, Manneken-Pis est progressivement devenu une image-symbole du folklore bruxellois, de la joie de vivre des habitants et de leur capacité d’autodérision.

Il reste, ainsi, l’emblème de l’esprit frondeur et “zwanzeur” (blagueur, plaisantin) de la Ville de Bruxelles mais ne fait, toutefois, pas l’objet de cérémonie à date fixe, ni de manifestations à périodicité régulière.

Des costumes sont souvent offerts à cette statuette-fontaine. 36 habillages sont prévus à dates fixes et Manneken-Pis reçoit de nouveaux costumes à un rythme soutenu. Sa garde-robe compte plus de 800 costumes de toutes origines: costumes militaires, de gala, de sportifs, de folklore, de carnaval, de métiers… qui proviennent de Belgique mais aussi de France, d’Angleterre, d’Autriche, d’Espagne, d’Italie, des Pays-Bas, des Etats-Unis, du Japon, du Rwanda… Le Musée de la Ville de Bruxelles {Musée de la Ville de Bruxellesicon map-makerMaison du Roi, Grand-Place –  1000 Bruxellesicon websitemuseedelavilledebruxelles.be} présente une centaine de tenues représentatives de la collection et une borne multimédia permet aussi aux visiteurs de consulter la totalité de la garde-robe du célèbre “ketje” (petit garçon).

Le théâtre de marionnettes Toone

personnalites-folklore-bruxellois-theatre-marionettes-Toone

Origine

L’origine du théâtre de marionnettes remonte à l’époque espagnole, pendant le règne de Philippe II (fils de Charles Quint) qui fit fermer tous les théâtres de peur que ces rassemblements publics viennent accentuer l’hostilité du peuple à son égard. C’est dans les caves des Marolles, dans la clandestinité la plus totale, que les Bruxellois (majoritairement analphabètes) remplacèrent les comédiens par des marionnettes en bois, des “poechenelles” (“polichinelles” en Bruxellois), pour exprimer leur mécontentement.

Le théâtre Toone {bruxelles.be – Théâtre Royal de Toonetoone.be} est le dernier théâtre de marionnettes traditionnelles de Bruxelles.

La dynastie des Toone

La dynastie des Toone est une dynastie adoptive. Le nom Toone ne se transmet pas nécessairement de père en fils: le nouveau Toone doit à la fois être adopté par son prédécesseur et par son public.

Cette dynastie débute en 1830, avec l’arrivée en scène d’Antoine Genty, Toone I (“Toone” est le diminutif bruxellois d’Antoine), qui s’installe dans les Marolles avec ses marionnettes. Bien que le théâtre dût plusieurs fois déménager, le public grandit et Toone commença à se faire connaître. Après avoir risqué de disparaître au début des années 1960, le Théâtre Toone commence une nouvelle vie sous l’impulsion de Toone VII, en 1966. Le théâtre de marionnettes s’installe alors dans une maison datant de 1696, aux confins des impasses du Schuddeveld et Sainte-Petronille, des ruelles qui débouchent respectivement sur la Petite rue des Bouchers et la rue du Marché aux Herbes. Il s’agit maintenant tout à la fois d’un estaminet typique, d’un atelier de confection des poupées, d’une bibliothèque, d’une vidéothèque et enfin d’un musée de la marionnette, où pendent les retraités de la scène.

Ce théâtre perpétue les traditions du théâtre de marionnettes humoristiques. Toutefois, contrairement au passé, les pièces ne se jouent plus en épisodes, mais en une soirée et sont le fruit d’un travail de répétition et d’ajustements et non plus de l’improvisation. Les techniques traditionnelles de marionnettes sont bien sûr maintenues, ainsi que le dialecte bruxellois dans lequel sont joués, à la demande, tous les spectacles. Ceux-ci sont soit des nouvelles créations, soit des adaptations personnelles de pièces du grand répertoire (comme “L’Ecole des femmes” de Molière”, les “Trois mousquetaires” d’Alexandre Dumas)).

Son public est constitué de nombreux touristes.

Le dialecte flamand de Bruxelles

La langue autochtone de Bruxelles est à classer parmi les dialectes flamands régionaux puisqu’elle est à rattacher au très vieux dialecte “flamand brabançon“, dialecte populaire qui a fort peu changé depuis 1000 ans. Le flamand populaire de Bruxelles n’a jamais eu de littérature et n’a jamais été enseigné à l’école. Comme c’est le cas de nombreux autres parlers régionaux, ce dialecte a tendance à disparaître de plus en plus.

Le français régional de Bruxelles

Ce français particulier s’est formé de génération en génération, au sein des couches populaires, par imitations auditives du parler des bourgeois francophones cultivés mais tout en gardant certaines tournures flamandes (ex: “Je ne sais pas la contre“, ou l’emploi fréquent de l’expression “une fois” (traduction du “eens”), quand ce n’est pas, tout simplement, l’emploi de mots flamands) et une prononciation caractéristique (souvent assimilée à “l’accent belge”). C’est le langage des marionnettes de Toone, ainsi que celui des Beulemans, dans la pièce de théâtre “Le Mariage de Mademoiselle Beulemans” de Fernand Wicheler et Frantz Fonson, créée en 1910 et partie intégrante du folklore bruxellois.

Le Marollien
Il s’agit d’un idiome né dans le quartier de la Marolle {Le quartier de “La Marolle” englobe la partie du centre de Bruxelles qui est délimitée par la rue Haute, la petite ceinture et l’arrière du Palais de Justice} où étaient venus s’installer de nombreux ouvriers wallons (travaillant à l’aménagement de la ville). Au départ, c’était un patois mélangeant flamand et wallon. Mais, au fil du temps, il a peu à peu perdu son apport wallon pour redevenir du simple flamand populaire (avec cependant quelques particularités). Ce dialecte a pratiquement disparu de nos jours. Certains mots dériveraient du vocabulaire espagnol importé dans le quartier, au 16ième siècle (période des Pays-Bas espagnols), quand les soldats espagnols y étaient casernés.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Pin It on Pinterest

Share This